légitimé, pour ainsi dire, par sa haute et généreuse approbation, notre invasion dans les domaines qu’il avait conquis autrefois, et notre entrée en possession du vaste terrain non encore occupé. Que ce soit là notre réponse à ceux qui seraient tentés de porter contre nous l’accusation de témérité ingrate et d’entreprise sur des droits sacrés.
Nous avons rencontré dans le cours de ce travail, comme l’imaginent aisément ceux qui connaissent le texte de la Métaphysique, d’assez grandes difficultés, et de plus d’une sorte. Pour l’interprétation des détails particulièrement, c’est-à-dire pour ce qui importait le plus à des traducteurs, rien, ou peu s’en faut, n’avait été fait encore. Les difficultés du sens étaient restées perpétuelles, souvent impossibles à franchir, sinon à tourner, toujours scabreuses et pleines de périls. La critique philosophique a seule à peu près, jusqu’ici, passé sur le vieux monument : la philologie moderne nous a donné, mais voilà tout, un texte mieux constitué de la Métaphysique. Sauf quelques notes, malheureusement trop rares, de M. Cousin, sur les deux livres traduits en français, sauf quelques indications éparses dans diverses monographies, la plus grande œuvre, sans contredit, de la philosophie antique, a été moins bien traitée que telle rapsodie misérable qu’on aurait dû peut-être, pour l’honneur de l’antiquité, laisser à jamais enfouie dans son obscurité native. Il y a certainement plus d’un grammairien, plus d’un rhéteur, plus d’un poète, il en est même un grand nombre, qui ne méritaient pas d’occuper un seul des instants que leur a si libéralement prodigués l’érudition contemporaine ;