Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/22

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Cette tâche si noble et si digne de l’homme, Aristote l’a donc entreprise, et le résultat de ses recherches prouve, au moins en partie, qu’il ne s’était point exagéré la puissance du génie humain.

On a dit, on répète encore que ce qui a manqué surtout à l’antiquité, c’est la méthode. Si, par là on prétend seulement que les ouvrages des anciens ne présentent point cette régularité dans la forme, cet enchaînement des parties qui distingue les œuvres modernes, et particulièrement les productions de l’esprit français, on est dans le vrai assurément. Mais si Aristote, car c’est à lui plus encore qu’à tout autre qu’on adresse le reproche, ne procède pas toujours en apparence avec un ordre, une symétrie parfaite ; si des questions se trouvent soit plusieurs fois reproduites, soit scindées contre notre attente, et interrompues dans leur développement pour n’être reprises que longtemps après, soit seulement indiquées ou même entièrement omises, quand la suite des idées semblerait les appeler et en exiger le développement ; si la méthode enfin se montre peu à la surface, cependant elle n’est point absente : c’est elle qui dirige, qui inspire sans cesse la pensée, qui lui donne cette unité qu’on ne saurait méconnaître, pour peu qu’on veuille percer l’enveloppe extérieure, et pénétrer au fond des choses. Aristote n’a nulle part expressément formulé sa méthode ; il ne trace point, au début de son ouvrage, les lignes où sa pensée viendra s’encadrer, mais, dirigé par ce bon sens profond qui est le caractère propre de son génie, il suit une méthode dont il ne dévie jamais. Cette méthode n’est ni étroite ni exclusive ; elle se prête