Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/323

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ment, que parce que ce sont des mouvements produits par ce principe. Et ce principe du mouvement des choses naturelles réside toujours en elles, soit en puissance, soit en acte.

V.

On nomme nécessaire[1] la cause coopérante[2] sans laquelle il est impossible de vivre. Ainsi la respiration et la nourriture sont nécessaires à l’animal. Sans elles, il lui est impossible d’exister. Ce sont encore les conditions sans lesquelles le bien ne saurait ni être ni devenir, ou sans lesquelles on ne peut ni se garantir d’un mal, ni s’en délivrer. Il est nécessaire, par exemple, de boire le remède pour n’être pas malade ; de faire voile vers Égine, pour recevoir l’argent. C’est ensuite la violence et la force, c’est-à-dire ce qui nous empêche et nous arrête, malgré notre désir et notre volonté, car la violence se nomme nécessité ; et par suite la nécessité est une chose qui afflige[3], comme le dit Événus[4] :


  1. Ἀναγκαῖον.
  2. Συναιτίου.
  3. Tout ce qu’on fait, tout ce qu’on subit par contrainte, est triste et, comme le dit Évenus : Toute nécessité est une chose affligeante. Si une chose est affligeante, c’est aussi une chose violente, et réciproquement. Tout ce qui contrarie notre désir nous cause de la douleur ; car ce que nous désirons, c’est ce qui fait plaisir. », II, 7. Bekk., p. 1223.
  4. Poète et philosophe contemporain de Socrate. Asclépius, Ethic. ad Eudem. Schol, p. 696 le nomme Événus le sophiste, mais Socrate lui-même, dans le Phédon, lui accorde le titre de philosophe. Phœd., V, p. 61.