Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diaires : la cause, c’est qu’elles n’appartiennent pas au même genre ; quel intermédiaire y a-t-il, en effet, entre la science et l’objet de la science ? Mais il y en a un entre le grand et le petit. Si donc les intermédiaires appartiennent au même genre, comme nous l’avons montré, s’ils sont intermédiaires entre les contraires, il faut nécessairement qu’ils soient composés de ces contraires. Car, ou les contraires ont un genre, ou ils n’en ont pas. Si le genre est quelque chose d’antérieur aux contraires, les premières différences contraires seront celles qui auront produit les contraires à titre d’espèces dans le genre. Les espèces se composent, en effet, du genre et des différences : par exemple, si le blanc et le noir sont contraires, et l’un est une couleur qui fait distinguer les objets[1], l’autre une couleur qui les confond[2], ces propriétés de faire distinguer, ou de confondre les objets, seront les différences premières ; ce seront donc les premiers contraires. Ajoutons que les différences contraires sont plus contraires entre elles, que les autres contraires[3]. Les autres contraires, et les intermédiaires, seront composés du genre et des différences : par exemple, toutes les couleurs intermédiaires entre le blanc et le noir seront définies par le genre (le genre est la couleur), et par certaines différences ; mais ce ne seront point là les premiers contraires. Comme toute couleur n’est

  1. Διακριτικὸν χρῶμα.
  2. Συγκριτικὸν χρῶμα.
  3. Elles sont plus contraires que ne le sont les espèces contraires, parce qu’elles sont antérieures aux espèces, et sont causes de leur contrariété.