Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/160

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des autres philosophes sur les principes[1]. Mais on pourrait se poser cette difficulté : Faut-il regarder la philosophie comme une seule science ou comme plusieurs ? Si l’on dit que c’est une seule science, une seule science n’embrasse jamais que les contraires, et les principes ne sont pas contraires[2]. Si ce n’est pas une seule science, quelles sont les diverses sciences qu’il faut admettre comme des philosophies ? Ensuite, appartient-il à une seule science ou à plusieurs d’étudier les principes de la démonstration ? Si c’est là le privilége d’une science unique, pourquoi plutôt à celle-là qu’à toute autre ? Si de plusieurs, quelles sont donc ces sciences ? De plus, s’occupe-t-elle, oui ou non, de toutes les essences ? Si elle ne s’occupe pas de toutes, il est difficile de déterminer celles dont elle doit s’occuper. Mais si une seule science les embrasse toutes, on ne voit pas comment une science unique peut avoir pour objet plusieurs essences. Ne porte-t-elle que sur les essences, ou porte-t-elle aussi sur les accidents ? Si elle est la science démonstrative des accidents, elle n’est pas celle des essences. Si ce sont là les objets de deux sciences différentes, quelles sont-elles l’une et l’autre, et laquelle est la philosophie[3] ? La science démonstrative est celle des accidents ; la science des principes est la science des essences[4].

Ce ne sera pas non plus sur les causes dont nous

  1. Voyez liv. I, 3 sqq., t. I, p. 13 sqq.
  2. Liv. III, 2, t. I, p. 71 sqq.
  3. Σοφία.
  4. Voyez Analyt. poster., II, 3 ; Bekker, p. 90, 91.