Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/197

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corps infini aurait un mouvement soit horizontal, soit de bas en haut. Mais ni l’infini tout entier ne saurait être susceptible d’un tel mouvement, ni la moitié de l’infini, ni une partie quelconque de l’infini. Comment établir la distinction, et par quel moyen déterminer que ceci est le bas de l’infini, ceci le haut, la fin, le milieu ? D’ailleurs, tout corps sensible est dans un lieu. Or, il y a six espèces de lieu[1]. Où les trouver dans le cas de l’existence d’un corps infini ? En un mot, s’il est impossible que le lieu soit infini, il est impossible que le corps le soit lui-même. Ce qui est dans un lieu est quelque part ; c’est-à-dire qu’il est en haut, ou en bas, ou dans un des autres lieux. Or, chacun de ces lieux est lui-même une limite.

Il n’y a pas identité entre l’infini dans la grandeur, l’infini dans le mouvement, et l’infini dans le temps ; ce n’est pas là une seule et même nature. De ces trois infinis, celui qui suit est dit infini par son rapport avec celui qui précède. C’est par son rapport avec la grandeur qui subit un mouvement, une altération, une augmentation, que le mouvement est dit

  1. C’est-à-dire qu’un espace déterminé se présente à nous sous six aspects différents : il y a le haut et le bas, la droite et la gauche, le devant et le derrière.