Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/209

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si comme une succession[1], alors l’essence a le premier rang ; après elle vient la qualité, puis la quantité. Du reste, les objets qui ne sont pas des essences ne sont pas des êtres, à proprement parler, mais des qualités et des mouvements[2] : ils n’existent qu’au même titre que le non-blanc et le non-droit, auxquels dans le langage nous attribuons l’existence ; quand nous disons, par exemple : le non-blanc est. Enfin rien ne peut avoir une existence séparée, que l’essence.

L’exemple des anciens eux-mêmes est une preuve de ce que nous venons d’avancer ; car ce qu’ils cherchaient, c’étaient les principes de l’essence, ses éléments, ses causes. Ce que les philosophes d’aujourd’hui préfèrent pour essence, ce sont les universaux ; car ce sont des universaux que ces genres dont ils font des principes et des essences, trop préoccupés qu’ils sont par le point de vue logique. Pour les anciens, l’essence était le particulier : c’était le feu, c’était la terre, et non pas le corps en général.

Il y a trois essences, deux sensibles, dont l’une est éternelle et l’autre périssable ; il n’y a pas de contestation sur cette dernière : ce sont les plantes, les animaux ; quant à l’essence sensible éternelle, il faut s’assurer si elle n’a qu’un élément, ou si elle en a plusieurs[3]. La troisième essence est immobile ; elle a, suivant quelques philosophes[4], une existence indépen-

  1. Ἐφεξῆς.
  2. Voyez liv. VII, passim.
  3. Voyez plus bas le chapitre 8 tout entier.
  4. Les Pythagoriciens et les Platoniciens,