Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/94

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tive et la puissance passive sont, sous un point de vue, une seule puissance ; sous un autre point de vue ce sont deux puissances. Il y a d’abord la puissance dans l’être passif : c’est parce qu’il y a en lui un principe, c’est parce que la matière est un principe, que l’être passif est modifié, qu’un être modifie un autre être. Ainsi, ce qui est gras est combustible, ce qui cède de telle manière est sujet à s’écraser[1] ; et pour le reste de même. Il y a ensuite la puissance dans l’agent : tels sont la chaleur et l’art de bâtir, l’une dans ce qui échauffe, l’autre dans l’architecte. Un agent naturel ne saurait donc se faire éprouver à lui-même aucune modification ; il y a unité en lui, et il n’est pas autre que lui-même. L’impuissance, et l’impossibilité, sont le contraire de la puissance, c’en est la privation ; de sorte qu’il y a en regard de chaque puissance, l’impuissance de la même chose sur le même être. Or, la privation s’entend de plusieurs manières. Il y a la privation d’une chose qu’on n’a naturellement pas, et la privation de ce qu’on devrait naturellement avoir ; un être est privé ou bien absolument, ou bien à l’époque de la possession ; la privation est encore ou complète ou partielle ; enfin quand la violence empêche des êtres d’avoir ce qui est dans leur nature, nous disons que ces êtres sont privés[2].

  1. Θλαστόν. Le vieux trad. impressibile ; Bessar. pressibile ; Argyrop. premi potest ; Sepulveda, dans la traduction de la paraphrase : quod vero certo modo cedit, est fragile. Hengstenberg, p. 167 : Zerdrückbar.
  2. Voyez liv. V, 22, t. I. p. 193-94.