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Page:Arkaï - Il, 1888.djvu/9

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Pourtant… si vous y tenez tant… imprimez en bon lieu sur une page bien blanche la phrase que je vais vous dire : L’Odyssée n’a pas de préface. Voilà ma préface !

Mais, monsieur, elle ne sera pas du tout comprise par le public.

M. Léo : Le public ? Peu m’importe. Je n’ai souci que de mon public.

— C’est à dire ?

M. Léo Les vrais artistes et les vraies femmes.

— Il n’y a pas qu’eux parmi les acheteurs. Et même, de ces artistes sincères, de ces femmes qui ne sont pas fausses, n’éprouvez-vous pas le besoin de guider l’admiration ? quand ils vous diront : La suprême nouveauté — vous êtes modeste — le clou de votre ouvrage n’est pas telle comparaison à effet, lit de Procuste ou verge de Moïse ni telle transition en un style très vôtre ; c’est l’immuabilité de l’ordre des parties qui ne se ressemblent mais qui se suivent et ne hurlent pas de se voir accouplées…

M. Léo : Vous leur direz qu’il ne se trompent ; ô vous qui dites si bien ! Les sonnets en recueil ne doivent pas se succéder comme des rails ni même comme des chaînons mais comme les cellules d’un organe.

— Fort bien ! Pourquoi ne déployeriez-vous pas cette pensée ?