aux généreux sentimens de l’orpheline. Ce voyage en outre la sépare du Solitaire, du moins pour un temps. Quelque puissant chevalier de la cour de Lorraine ne pourrait-il faire oublier l’inconnu de la montagne ! Le Ciel peut-être appelle à Nancy la fille de Saint-Maur pour y fixer sa destinée. Anselme approuve son départ, et lui fait ses tendres adieux.
Pendant ses préparatifs de voyage, Élodie n’avait point senti son courage fléchir ; mais, au moment de quitter l’abbaye, il semble prêt à l’abandonner. — « Vallon chéri ! s’écrie l’orpheline, je vais donc m’éloigner de toi : plante abandonnée, enlevée à ma roche natale, et poussée par le vent des orages, où tomberai-je pâle et flétrie !… »
Ses yeux se sont tournés vers les montagnes du lac Morat : un douloureux soupir atteste ses tourmens secrets ; si du moins elle avait pu prévenir celui