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Page:Arlincourt - Le solitaire tome 2.djvu/84

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l’existence. Sa pensée confuse encore n’a pu percer les ombres qui l’enveloppent. Cependant il lui semble que poussée en des tourbillons orageux, elle fend les plaines de l’air avec rapidité. Sa paupière s’entr’ouvre languissamment. Élodie ne distingue aucun objet ; cependant ce n’est point un songe. Comme l’oiseau de la vallée qu’a saisi l’aigle des montagnes, elle se sent enlevée par quelque puissance inconnue, dont le rapide essor n’est arrêté par aucun obstacle. Ainsi la nymphe Orithye, au pouvoir de l’impétueux Borée, traversait le fleuve Illissus emportée par les Ouragans.

Élodie a recouvré la pensée : le souvenir renaît avec la vie. Aux premières clartés du jour, elle jette un regard timide sur l’objet inconnu qui soutient sa tête appesantie. Ô terreur !… recouverte d’un manteau rouge dont les longs plis se drapent autour d’elle, elle est entre les bras du fantôme sanglant.