devant elle. Non loin est un ermitage environné d’arbres. Élodie reconnaît le bouclier armorié que le comte Ecbert de Norindaill avait salué la veille. — « Où suis-je ! dit-elle, en se tournant vers le Solitaire : où me conduisez-vous ? » — « C’est moi qui vous suivais, répond tristement le chasseur de la montagne. » — « Quel est ce lieu ? » « Le mont Sauvage. » — « Quelle est cette habitation ? » — « L’ermitage du Solitaire.
» Oui, continue-t-il, voilà la roche de l’exil ; voilà le seul domaine que puisse offrir à sa compagne l’infortuné de l’Helvétie. Seul à ses souvenirs, ici reposant sous l’arbre funèbre, assis sur l’aride bruyère, il vécut de l’eau du torrent, de racines, de fruits sauvages, et de quelques herbes amères.
» Élodie !… est-ce là l’époux que devait choisir l’innocence et la beauté !… Hélas ! il n’a point de patrie, ne porte