Aller au contenu

Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le Floing et la Givonne les côtés. Les vallées de ces trois cours d’eau étaient semées de beaux villages. En arrière se trouvaient des hauteurs garnies de bois. La configuration du terrain se prêtait bien à une bataille défensive, mais l’armée était épuisée, démoralisée, mal pourvue de vivres ; elle ne comptait qu’environ 125 000 hommes, sur lesquels 100 000 au plus pouvaient porter les armes, avec 419 bouches à feu, et elle avait le pressentiment instinctif qu’elle courait à sa perte, tandis que les Allemands avaient 813 pièces bien supérieures aux nôtres et 245 000 combattants pleins de confiance en leurs chefs et enivrés par leurs triomphes précédents.

Sûrs du succès, les Allemands se disposèrent, non seulement à livrer bataille, mais à profiter de leur supériorité numérique pour envelopper complètement l’armée française.

Le maréchal de Mac-Mahon ne comptait pas combattre le 1er septembre. Il avait l’intention de laisser pendant cette journée les troupes harassées prendre du repos, tout en fortifiant quelques positions et en remettant de l’ordre dans l’armée. Désireux au contraire de profiter de tous ses avantages, l’état-major allemand était résolu à agir avec activité et énergie et à ne pas perdre un instant pour livrer bataille.

Aussi le 1er septembre, dès 4 heures et demie, l’action s’engageait.

La nuit du 31 août au 1er septembre avait été froide et humide. D’épais brouillards flottaient sur les vallées et l’aube blanchissait à peine quand les soldats engourdis furent réveillés par le bruit de la fusillade. Les Bavarois, qui s’étaient mis en marche avant le jour, attaquaient Bazeilles, défendu par la brigade d’infanterie de marine du général Vassoigne.