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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/147

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heure ces belles charges d’une intrépidité si héroïque qu’elles arrachèrent au roi Guillaume un cri d’admiration : « Ah ! les braves gens, » s’ écria-t-il en les voyant courir à la mort ; mais il était trop tard. Le général Margueritte avait inutilement demandé dans la matinée, à plusieurs reprises, l’autorisation de charger au moment où les Prussiens passaient la Meuse et où il aurait pu jeter dans le fleuve quelques régiments qui venaient de le traverser. Ses demandes réitérées étaient restées sans réponse et l’ordre arrivait quand le dévouement devait être inutile.

Après l’échec de la cavalerie française, les Prussiens se portèrent à l’attaque du calvaire d’Illy. Les sommets avaient été garnis de tranchées-abris qui furent admirablement défendues ; l’infanterie allemande fit de grandes pertes en montant à l’assaut des pentes escarpées qui conduisent au plateau. Comme toujours, la position fut tournée. Les positions, prises à revers du côté gauche, durent être abandonnées. Le calvaire d’Illy fut occupé par l’infanterie prussienne, tandis que la garde pénétrait dans le bois de la Garenne et y ramassait par milliers des soldats de tous les corps, désarmés, découragés, épuisés de fatigue et de faim. Un seul bataillon du 17e régiment se rallia et résista vaillamment. À ce bel exemple un certain nombre de soldats débandés qui avaient encore leurs fusils et des cartouches se groupèrent autour de lui. La mitraille et les feux croisés de plusieurs régiments eurent bien vite raison de cette poignée de braves, qui furent anéantis.

Le cercle fatal se resserrait autour de Sedan. Le général de Wimpffen, reconnaissant l’impossibilité de s’ouvrir la route de Mézières, voulut essayer de se frayer un passage sur Carignan. Il expédia à tous les