Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/148

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chefs de corps l’ordre de se porter dans cette direction et fit demander à l’Empereur de venir se mettre à la tête de ses troupes pour forcer le passage. « Sire, disait-il, je donne l’ordre au général Lebrun de tenter une trouée dans la direction de Carignan et je le fais suivre de toutes les troupes disponibles. Je prescris au général Ducrot d’appuyer ce mouvement et au général Douay de couvrir la retraite. Que Votre Majesté vienne se mettre au milieu des troupes, elles tiendront à honneur de lui ouvrir un passage. » Puis il réunit quelques milliers d’hommes et se jeta sur Balan. Sous cet assaut furieux les Bavarois qui l’occupaient se rejettent en désordre en arrière du village, qui est enlevé impétueusement. Les fuyards allemands empêchent leurs troupes de soutien d’arriver.

Il y eut un moment de trouble chez l’ennemi, mais il fut court. Les ordres envoyés par le général de Wimpffen n’étaient pas parvenus ou n’étaient arrivés que trop tard. Ils ne furent pas exécutés et l’Empereur ne vint pas.

Sorti de Sedan le matin, Napoléon III, après être resté quelque temps sous le feu, était rentré à la sous-préfecture et y attendait les événements. Les nouvelles les plus funestes arrivaient d’instant en instant ; lorsqu’il reçut la dépêche du général de Wimpffen, il tenta de sortir de nouveau, mais les portes étaient encombrées, les obus éclataient dans les rues jonchées de cadavres, il ne put passer. L’état-major allemand, comprenant que le plus court moyen d’en finir était de bombarder Sedan, où se trouvaient l’Empereur et une immense quantité de soldats, dirigeait sur la ville la plus grande partie de sa formidable artillerie. L’Empereur revint et, dans un accès de désespoir, donna ordre de hisser le drapeau blanc au-dessus de la ville.

À ce signal le combat s’arrête des deux côtés, mais le chef d’état-major, général Faure, fait abattre le pavillon parlementaire. Pressé par l’Empereur de signer l’ordre de cesser le feu, il répond avec énergie : « Je viens de faire abattre le drapeau blanc, ce n’est pas pour signer un ordre pareil. » Les généraux Douay, Lebrun, Ducrot ne consentent pas davantage à traiter avec l’ennemi. Ducrot propose d’attendre la nuit pour tenter une sortie, mais il y a encore cinq ou six heures de jour. Pendant ce temps, le malheureux commandant en chef voyait le village de Balan écrasé de projectiles et attaqué par des forces immenses. La petite colonne qu’il avait amenée diminue rapidement sous ces attaques multipliées. Son élan désespéré avait fait reculer l’ennemi ; mais, n’étant pas soutenue, elle fut décimée et dispersée. Tout était bien fini.

Après Sedan

L’Empereur fit de nouveau hisser le drapeau blanc et le feu s’arrêta vers