Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/154

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de nourriture et de munitions, l’impossibilité absolue de prolonger la défense, imposaient au général le devoir de faire taire ses sentiments personnels, parce que l’effusion du sang ne pouvait plus rien changer à l’état des choses. »

Voici le rapport dans lequel le général rend compte au ministre de la guerre des derniers moments de la bataille et des négociations de la capitulation :

« … À quatre heures un officier m’apporta une lettre par laquelle l’Empereur me prévenait que le drapeau blanc avait été hissé sur la citadelle, m’invitait à cesser le feu et à me charger de négocier avec l’ennemi. Je refusai, à plusieurs reprises, d’obtempérer à cette injonction.

« Malgré les pressantes instances de Sa Majesté, je n’en crus pas moins devoir tenter un suprême effort et je rentrai en ville pour appeler à moi toutes les troupes qui s’y trouvaient accumulées ; mais, soit fatigue provenant d’une lutte de douze heures sans prendre de nourriture, soit instructions mal comprises, soit ignorance des suites dangereuses que pourrait avoir leur agglomération dans une ville impropre à la défense, peu d’hommes répondirent à mon appel. C’est avec 2000 soldats seulement, aux-quels se joignirent quelques gardes mobiles et un certain nombre de courageux habitants de Sedan, que je chassai l’ennemi du village de Balan.

« Ce fut le dernier effort de la lutte ; l’effectif de ces troupes était trop peu considérable pour tenter la seule retraite qui fût possible, eu égard à la disposition des troupes ennemies.

« À six heures je rentrai le dernier dans la ville encombrée de caissons, de voitures, de chevaux qui arrêtaient toute circulation. Les soldats, entassés dans