Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/155

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les rues avec le matériel de l’artillerie, étaient exposés aux plus grands périls en cas de bombardement.

« J’apprenais de plus qu’il restait un seul jour de vivres dans les magasins de la place, les approvisionnements amenés de Mézières par le chemin de fer ayant été renvoyés à Mézières au premier coup de canon.

« Dans ces conditions et sur un nouvel ordre de l’Empereur, je me résignai à aller négocier près de M. le comte de Moltke les conditions d’une capitulation. Dès les premiers mots de notre entretien, je reconnus que le comte de Moltke avait malheureusement une connaissance très exacte de notre situation et de notre complet dénuement en toutes choses. Il me dit qu’il regrettait de ne pouvoir accorder à l’armée tous les avantages mérités par sa conduite valeureuse, mais que l’Allemagne était obligée de prendre des mesures exceptionnelles à l’égard d’un gouvernement n’offrant, disait-il, aucune chance de stabilité ; qu’en raison des attaques répétées et du mauvais vouloir de la France à l’égard de son pays, il lui était indispensable de prendre des garanties matérielles. En conséquence, il se voyait contraint d’exiger que l’armée fût faite prisonnière.

« Je ne crus pas devoir accepter de telles conditions. On me prévint que le lendemain matin la ville serait bombardée, et je me retirai avec la menace de voir le bombardement commencer à neuf heures si la convention n’était point arrêtée avec l’ennemi.

« Le 2 septembre, au point du jour, les généraux de corps d’armée et de division se réunirent en conseil de guerre, et, après examen des ressources de la place, il fut décidé à l’unanimité que l’on ne pouvait éviter de traiter avec l’ennemi.