Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/162

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donnée, faire la guerre, non pas à l’Empereur, mais au peuple français ; les Allemands occuper méthodiquement le tiers de la France, bloquer Metz, Strasbourg, Paris, Belfort. Nous voyions nos armées échouer l’une après l’autre ; l’Europe intimidée ou complice assister, impassible et railleuse, à notre abaissement ; des journaux de tous pays se réjouir de nos désastres, les uns vomissant l’outrage, car il ne manque jamais d’âmes basses et viles pour insulter au malheur, les autres nous accordant une pitié dédaigneuse, peut-être plus blessante encore que l’insulte. Alors nos cœurs se serraient et nous passions de longues heures, immobiles et silencieux, à méditer, le désespoir et la colère au cœur, sur les malheurs de la patrie, de notre pauvre chère France, livrée à l’envahisseur. Les regrets les plus amers, je dirai presque le remords, nous rongeaient. Ah ! si, à Sedan, nous avions pu croire que la guerre allait continuer, si nos forces ne nous avaient pas trahis, nous eussions tout fait, tout, pour rentrer en France et combattre encore.

Le 4 septembre, un nouveau gouvernement avait pris la direction des affaires ; il paraissait décidé à une résistance énergique. Metz tenait encore avec sa belle armée ; Strasbourg bombardé résistait avec énergie ; Paris, bien approvisionné, entouré de sa ceinture de forts, devait arrêter longtemps l’ennemi. Pendant ce temps la province se lèverait, s’organiserait et arriverait à faire reculer les envahisseurs. Telles étaient nos patriotiques espérances, que les événements devaient si cruellement tromper.

Environs de Metz

Dans le courant d’août, l’armée de Metz avait livré d’abord la bataille de Borny (14 août), qui n’avait d’autre objet que d’assurer la retraite de nos troupes