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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/170

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les localités où ils croyaient apercevoir quelques symptômes d’hostilité ; fusillant les paysans qui refusaient des renseignements sur les mouvements de nos troupes ou de leur servir de guides ; empêchant enfin, par un système de répressions impitoyables et de cruautés sans nom, la résistance des populations. Ils bombardaient sans pitié les places fortifiées. Toul, Verdun, Thionville, Montmédy, Mézières, Laon, Soissons, Phalsbourg et bien d’autres se rendirent après avoir vu les obus prussiens semer l’incendie dans tous leurs quartiers et faire périr indistinctement les militaires et la population civile, femmes, enfants, vieillards inoffensifs. Le bombardement était un des moyens d’action favoris de nos sauvages ennemis, qui, foulant aux pieds toutes les considérations d’humanité qui règlent la guerre entre les peuples civilisés, le commencèrent souvent sans même en prévenir les commandants des places assiégées.

Une des villes le plus cruellement traitées fut certainement Strasbourg.

Strasbourg, rangée parmi les places fortes de première classe, était pourvue de fortifications, excellentes autrefois, mais devenues insuffisantes en raison des perfectionnements apportés à l’artillerie moderne. Depuis plusieurs années les militaires les plus distingués avaient en vain demandé qu’on entourât cette ville d’une ceinture de forts qui, en en faisant un vaste camp retranché, auraient rendu le bombardement impossible et en auraient fait le lieu de ralliement d’une armée vaincue en Alsace ou sur la rive droite du Rhin. Si ce projet eût été exécuté, les débris de l’armée du maréchal de Mac-Mahon, au lieu de se replier en désordre au delà des Vosges, sans point de concentration déterminé, seraient venus se reformer à l’abri de ses forts. On aurait pu de la sorte arrêter l’armée du prince royal, après son succès de Wœrth, en la menaçant d’une attaque sur ses derrières si elle s’engageait dans les défilés des Vosges pour envahir la France ou d’une attaque de flanc si elle essayait de les tourner. Rien ne fut fait. On se contenta de maintenir en bon état les fortifications existantes.

Au début de la guerre, le général Uhrich fut chargé de la défense de la ville. La garnison était peu nombreuse, mais elle s’accrut de quelques fuyards de Reichshoffen et elle comptait environ 10 000 hommes lorsque l’ennemi vint l’investir.

Dès le 11 août, les troupes chargées de cette opération commencèrent leur mouvement. Toutefois l’investissement ne fut complet que le 20.