Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/18

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je ne dirai pas de manière à vous satisfaire (l’orateur s’adressait à la gauche, qui demandait le désarmement), mais de manière à satisfaire ceux qui n’ont pas une opinion aussi arrêtée que la vôtre.

« Eh bien, l’état de l’Europe, le voici. Je crois la paix de l’Europe assurée à deux conditions. La première, c’est que nous serons très pacifiques ; la seconde, que nous ne cesserons pas d’être forts, car je crois, que nous serons d’autant plus pacifiques que nous serons plus forts. »

Puis il montra les conséquences effrayantes de Sadowa, qui, au lieu d’une Confédération allemande toute pacifique, a mis en face de nous une puissance de 40 millions d’hommes, « événement immense, le plus grand qui se soit passé depuis plusieurs siècles ».

« Je suis pour la paix, » répéta-t-il à plusieurs reprises.

« Mais, dit-on, puisque vous êtes pour la paix avec autant de force, comment voulez-vous des armements aussi extraordinaires ? D’abord je vous prie de ne pas oublier ce que je vais vous dire. Il y a un assaut de prudence en ce moment et, pour ainsi dire, de sagesse entre les cabinets étrangers et le cabinet français, mais cependant il ne faut pas dépendre absolument de la sagesse d’autrui. Il y a des événements qui pourraient mettre en défaut toutes ces sagesses coalisées pour la paix. Par exemple, si tel ou tel événement survenait en Orient ou ailleurs, je ne voudrais pas répondre qu’une occasion bonne se présentant, tout le monde persistât à être aussi sage, aussi philosophe qu’on paraît l’être aujourd’hui. Les vrais politiques ne veulent pas réduire. leur pays à dépendre de la sagesse d’autrui. »

L’orateur demanda une armée forte, parce que, « tout en appréciant l’énergie de la nation française,