Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/184

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troupes occupaient des collines en demi-cercle couronnées par de l’artillerie et qu’il avait fait fortifier avec soin. Il fit occuper quelques villages dans la plaine et donna l’ordre aux troupes qui s’y trouvaient placées de se replier pour attirer l’ennemi sous le feu de l’artillerie et des lignes de tirailleurs qui garnissaient les pentes. L’ordre fut exécuté, les ennemis subirent de fortes pertes, les villages évacués furent réoccupés, et le lendemain Manteuffel n’osa pas renouveler le combat.

C’était une véritable victoire, puisque nos troupes bivouaquèrent sur leurs positions, où elles restèrent deux nuits et un jour pour bien constater leur succès. Faidherbe fit alors lever le camp et rentra dans ses cantonnements. Il avait atteint son but ; il avait déjoué les plans que l’ennemi avait formés pour s’emparer du Havre. Ne croyant pas pouvoir tenir la campagne, avec des troupes nouvellement formées, par un hiver exceptionnellement rigoureux, et fidèle d’ailleurs à son principe, il se replia entre Arras et Douai et s’y reforma, tandis que l’ennemi allait assiéger Péronne.

Faidherbe n’hésita pas à marcher au secours de cette ville, et, le 3 janvier 1871, il battit complètement le général Von Gœben, successeur de Manteuffel, à Bapaume. Les suites de cette victoire eussent pu être considérables si Faidherbe avait poursuivi l’ennemi en déroute. II ne crut pas pouvoir le faire et il se replia derrière la Scarpe : Le siège continua, et Péronne, vivement pressé, capitula le 10 janvier.

Enfin, informé que Paris allait tenter un suprême effort, Faidherbe se porta de nouveau en avant au sud de Saint-Quentin pour attirer à lui une partie des forces allemandes et remporta le 18 un succès à Vermand.