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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/183

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Faidherbe arriva. Cet officier, qui avait montré comme gouverneur du Sénégal de hautes capacités d’administrateur, allait déployer les qualités d un véritable homme de guerre. Avec une armée peu solide dont les marins et quelques officiers, sous-officiers et soldats de différentes armes échappés au désastre de Sedan formaient le seul noyau sérieux, il adopta le plan qui pouvait lui faire tirer le meilleur parti des troupes qu’il avait à commander. Se tenir le plus possible près des places fortes, nombreuses dans le Nord, tenter de temps en temps quelques pointes hardies, attaquer vivement et se replier de même, tenir sans cesse l’ennemi en haleine, le fatiguer, l’inquiéter, sans s’exposer à un grave échec dont les conséquences eussent pu être fatales, tel était son système.

Au moment de son arrivée, la Normandie était envahie. Rouen allait être occupé. Cette grande et belle cité, entourée de collines qu’il eût été facile de fortifier, tomba sans combat, le 6 décembre, aux mains de l’ennemi, qui y trouva de grands approvisionnements et en fit un solide point d’appui pour ses opérations. Le 9, les Allemands entraient à Dieppe. Le Havre était menacé. Ce port riche et important, convoité par les Allemands, pouvait devenir un centre de résistance et d’approvisionnement. Le général Loysel y formait une armée qui arriva à réunir une trentaine de mille hommes. Il était nécessaire de le protéger.

Comprenant toute l’importance du Havre, le général Faidherbe résolut de tenter une puissante diversion pour, en détourner Manteuffel. Il hâta l’organisation de son armée, et, dès qu’il eut sous la main 30 000 hommes et 60 pièces de canon, il se mit en mouvement, reprit, le 10 décembre, Ham aux Allemands et marcha sur Amiens.

Le 23, il livra bataille près de Pont-Noyelles. Ses