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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/195

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Jules Favre. Le traité de paix fut signé le 10 mai et ratifié le 20.

Aux termes de ce traité, le plus humiliant et le plus désastreux qui ait jamais été signé par la France, nous perdions l’Alsace, moins Belfort, et la partie de la Lorraine que nos vainqueurs désignent sous le nom d’allemande, bien qu’on n’y parle pas allemand et que l’amour de la France y soit vif et profond, c’est-à-dire les arrondissements de Metz et de Thionville dans la Moselle, ceux de Château-Salins et de Sarrebourg dans la Meurthe, le canton de Schirmeck dans les Vosges.

L’Alsace formait, avant la guerre de 1870, deux beaux et riches départements : le Haut-Rhin, chef-lieu Colmar ; sous-préfectures Belfort,et Mulhouse, ville industrielle renommée dans le monde entier pour ses fabriques de draps, de toiles, de soieries, de cotonnades peintes ; le Bas-Rhin, chef-lieu Strasbourg ; sous-préfectures Saverne, Schlestadt et Wissembourg.

Nos frontières de l’Est étaient ouvertes. Nous perdions la ligne du Rhin et celle des Vosges. De Metz l’ennemi n’est qu’à quelques journées de marche de Paris et aucun obstacle naturel ne vient l’arrêter. Nous restions à la merci d’une invasion nouvelle.

La superficie du territoire français était diminuée de 52 856 000 hectares. Nous devions payer une indemnité de guerre de cinq milliards. En vertu du triste et trop célèbre axiome que « la force prime le droit », 1 800 000 Français devenaient contre leur gré citoyens allemands.

Non, il n’est pas vrai que la force prime le droit. Selon la belle maxime de Mirabeau, c’est le droit qui est le souverain du monde. La justice a toujours son