Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui a fait ses preuves, il estimait pourtant qu’on fait bien de confier sa sûreté à des hommes rompus au métier de la guerre, en ayant le savoir, car la guerre est devenue un art profond ; ayant des habitudes de discipline et toutes les conditions qui font que les armées fortement organisées sont toujours, même chez les nations les plus braves, un avantage considérable sur leurs rivales.

« Une grande nation doit avoir dans une armée de paix une école de guerre.

« Ne songez donc pas, ajouta-t-il en terminant, à réduire ni le contingent ni l’effectif ; je vous en supplie dans l’intérêt du pays. »

M. Thiers désirait vivement la paix, mais il sentait que celle qui existait était mal assurée ; Avec sa perspicacité habituelle, il comprenait bien que le malaise et l’inquiétude des peuples, l’ambition et la jalousie des gouvernants, amèneraient la guerre à bref délai. Il souhaitait de toute son âme que nous pussions la faire avec succès ; mais, en présence de la situation militaire de la Prusse, l’état de notre armée lui inspirait de vives craintes.

L’illustre homme d’État voyait juste.

Plusieurs fois déjà, notamment en 1867, lorsqu’il avait été question en France de l’achat du Luxembourg, qui appartenait à la Hollande, la bonne harmonie apparente qui régnait entre la France et la Prusse avait été compromise. Elle fut définitivement rompue par la question espagnole, dont nous croyons devoir rappeler brièvement les incidents principaux.

À la suite d’une révolution, la reine Isabelle II avait été, en 1868, obligée de quitter l’Espagne. Les Cortès décidèrent que la forme du gouvernement continuerait