Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/34

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les munitions, les ambulances, tout faisait défaut, nos officiers avaient des cartes d’Allemagne, celles de France leur manquaient.

Pendant qu’on cherchait à débrouiller ce chaos, l’occasion perdue s’éloignait pour toujours. La mobilisation allemande s’opérait avec un peu plus de lenteur, mais avec une sureté, une précision, une méthode, vraiment dignes d’admiration.

Du 31 juillet au 6 août, les Prussiens firent passer le Rhin à 400 000 hommes et les acheminèrent, dans un ordre merveilleux, sur les lieux de concentration, avec leur artillerie et leurs approvisionnements.

La France avait alors environ 272 000 hommes sur pied, et les opérations allaient commencer. L’Empereur adressa au peuple français la proclamation suivante :


« Français,

« Il y a dans la vie des peuples des moments solennels où l’honneur national, violemment excité, s’impose comme une force irrésistible, domine tous les intérêts et prend seul en main la direction des destinées de la patrie. Une de ces heures décisives vient de sonner pour la France.

« La Prusse, à qui nous avons témoigné pendant et depuis la guerre de 1866 les dispositions les plus conciliantes, n’a tenu aucun compte de notre bon vouloir et de notre longanimité. Lancée dans une voie d’envahissement, elle a éveillé toutes les défiances, nécessité partout des armements exagérés, et fait de l’Europe un camp où règnent l’incertitude et la crainte du lendemain.

« Un dernier incident est venu révéler l’instabilité des rapports internationaux et montrer toute la gravité