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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/60

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arrivons à Reims le lendemain 21 août, à quatre heures du matin, à jeun. On nous conduit sur une promenade voisine de la gare, où un régiment de cavalerie avait campé la veille, et on nous autorise à dresser nos tentes dans un endroit où les chevaux avaient séjourné. Fort heureusement quelques bottes de paille font disparaître. ou plutôt dissimulent les inconvénients résultant de cette fâcheuse circonstance. Nous parvenons enfin à manger un morceau et nous nous reposons, pendant deux ou trois heures, de notre nuit de chemin de fer.

Ce jour-là même le bataillon fit une reconnaissance du côté du village de Verzenay, mais l’ennemi était encore loin. Tout se borna à une simple promenade sans grande émotion ; quelques-uns d’entre nous, à l’imagination vive, prétendirent a voir aperçu à l’horizon la silhouette de vedettes prussiennes ; il est permis d’en douter.

Le maréchal de Mac-Mahon arriva vers sept heures. Il fut aussitôt informé que l’Empereur l’avait fait demander depuis plusieurs heures. Il se rendit sans délai au quartier impérial, où se tint, en présence de l’Empereur, un conseil de guerre auquel assista M. Rouher, qui apportait de Paris les instructions du conseil des ministres.

M. Rouher exposa que rien n’exigeait que l’armée rétrogradât sur Paris, que cet abandon de Bazaine produirait le plus fâcheux effet et qu’il fallait à tout prix marcher au secours de Metz.

Le maréchal, partisan résolu de la retraite sur Paris, s’éleva vivement contre les idées exposées par M. Rouher. Il fit remarquer qu’il ne se croyait pas en état de se risquer au milieu des armées prussiennes avec des troupes d’une solidité douteuse. L’armée du