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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/69

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CHAPITRE IV


En campagne ; de Reims à Sedan. – Accident de chemin de fer. – Incertitude des Allemands sur nos mouvements. – Conversion de l’armée prussienne. –Hésitations du maréchal de Mac-Mahon. – D’Attigny à Voncq. – Une soupe aux pommes de terre. – Une soirée chez les turcos. – À bout de forces. – Sur la paille. – Le Chesne-Populeux, Raucourt, Remilly. – Un excellent repas. – Défaite de Beaumont. – Défilé des fuyards du 5e corps. – Une mauvaise nuit. – Les signes avant-coureurs de la défaite.


Les habitants distribuant des vivres aux soldats

Le lendemain, 23 août, commençait ce mouvement fatal qui devait aboutir à Sedan. L’ordre nous fut donné de rejoindre à Rethel le corps du maréchal de Mac-Mahon. Nous reprîmes le chemin de fer. Au moment de partir, les officiers vinrent donner quelques instructions : la route n’était pas très sûre ; les reconnaissances avaient signalé quelques détachements de uhlans dans les environs : il fallait nous tenir sur nos gardes et au premier signal être prêts à descendre de wagon pour combattre. Pendant le trajet, les officiers passèrent de wagon en wagon pour nous répéter ces instructions.

Tout à coup, au sortir d’un long tunnel, notre train reçoit un choc violent et s’arrête net. Immédiatement branle-bas général.

L’esprit plein de l’idée de l’attaque dont on vient de nous entretenir, nous nous voyons déjà aux prises avec les Prussiens ; chacun se dégage comme il peut des bras de son vis-à-vis où la commotion l’avait jeté : on saisit son fusil et l’on se prépare à l’action. Je vois encore la figure calme et énergique d’un clairon de