Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/77

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Mes livres m’attendaient, mes maîtres, mes amis,
Avec l’enchantement de leurs nobles pensées ;
Les caresses des mots, sur mes lèvres posées,
Éveillaient la douceur des rêves endormis.

Près de moi souriaient tant de figures chères !
Ceux qui furent mon sang, ma race, mon amour
Me regardaient venir… Dans le calme du jour
J’oubliais mes douleurs comme des étrangères.

Voici le clavecin au son grave et cuivré ;
Et, sous mes doigts, le vol des notes dénouées
Monte, emportant le cri des douleurs avouées,
Mais dont l’esprit se croit à jamais délivré.

Comme une tendre fleur lentement se replie
Lorsque la nuit descend lui verser le sommeil,
Dans la paix de la chambre où s’éteint le soleil,
Je me repose enfin, je me tais, et j’oublie…