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DEUXIÈME PARTIE

Contenant les réflexions que les hommes ont faites sur leurs jugements.

CHAPITRE PREMIER

Des mots par rapport aux propositions.


Comme nous avons dessein d’expliquer ici les diverses remarques que les hommes ont faites sur leurs jugements, et que ces jugements sont des propositions qui sont composées de diverses parties[1], il faut commencer par l’explication de ces parties, qui sont principalement les noms, les pronoms et les verbes.

Il est peu important d’examiner si c’est à la grammaire ou à la logique d’en traiter, et il est plus court de dire que tout ce qui est utile à la fin de chaque art lui appartient, soit que la connaissance lui en soit particulière, soit qu’il y ait aussi d’autres arts et d’autres sciences qui s’en servent.

Or, il est certainement de quelque utilité pour la fin de la logique, qui est de bien penser, d’entendre les divers usages des sons qui sont destinés à signifier les idées, et que l’esprit a coutume d’y lier si étroitement que l’une ne se conçoit guère sans l’autre : en sorte que l’idée de la chose excite l’idée du son, et l’idée du son celle de la chose.

On peut dire en général sur ce sujet, que les mots sont des sons distincts et articulés, dont les hommes ont fait des signes pour marquer ce qui se passe dans leur esprit[2].

  1. Arnauld confond trop souvent la proposition, simple expression du jugement, avec le jugement même, qui est l’acte intérieur de l’esprit.
  2. Remarquez que le langage n’est nullement aux yeux d’Arnauld une institution divine, comme le soutiendront plus tard de Bonald et ses partisans.