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ce signe, et on ne le fait en cette manière que lorsqu’ils sont suffisamment préparés à concevoir que le signe n’est la chose signifiée qu’en signification et en figure.


CHAPITRE XV

De deux sortes de propositions qui sont de grand usage dans les sciences, la division et la définition, et premièrement de la division.


Il est nécessaire de dire quelque chose en particulier de deux sortes de propositions qui sont de grand usage dans les sciences, la division et la définition.

La division est le partage d’un tout en ce qu’il contient[1].

Mais comme il y a deux sortes de tout, il y a aussi deux sortes de divisions. Il y a un tout composé de plusieurs parties réellement distinctes, appelé en latin totum, et dont les parties sont appelées parties intégrantes. La division de ce tout s’appelle proprement partition ; comme quand on divise une maison en ses appartements, une ville en ses quartiers, un royaume ou un État en ses provinces, l’homme en corps et en âme, le corps en ses membres. La seule règle de cette division est de faire des dénombrements bien exacts et auxquels il ne manque rien[2].

L’autre tout est appelé en latin omne, et ses parties, parties subjectives[3] ou inférieures, parce que ce tout est un terme commun, et ses parties sont les sujets compris dans

  1. « La division est une proposition ou un discours qui, prenant un sujet commun, fait voir combien il y a de sortes de choses à qui la raison en convient, comme quand, prenant pour sujet le terme être, on dit que tout ce qui est a l’être, ou de soi-même ou d’un autre ; de soi-même, comme Dieu seul ; d’un autre, comme tout le reste ; et encore, que ce qui a l’être, l’a en soi-même comme les substances, ou en un autre, comme les modes et les accidents. » Bossuet, Logique, liv. II, ch. xiv.
  2. Rapprocher cette règle de la quatrième règle contenue dans le Discours de la Méthode : « Faire des dénombrements si complets et des revues si exactes, que je fusse assuré de ne rien omettre. »
  3. De subjicere, subjectus, placé dessous. Ne pas confondre avec le sens du mot subjectif chez les modernes.