Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/188

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La plus exacte est celle qui explique la nature d’une chose par ses attributs essentiels, dont ceux qui sont communs s’appellent genre, et ceux qui sont propres différence[1].

Ainsi on définit l’homme un animal raisonnable ; l’esprit, une substance qui pense : le corps, une substance étendue ; Dieu, l’être parfait. Il faut, autant qu’on le peut, que ce qu’on met pour genre dans la définition, soit le genre prochain[2] du défini, et non pas seulement le genre éloigné.

On définit aussi quelquefois par les parties intégrantes, comme lorsqu’on dit que l’homme est une chose composée d’un esprit et d’un corps. Mais alors même il y a quelque chose qui tient lieu de genre, comme le mot de chose composée, et le reste tient lieu de différence.

La définition moins exacte qu’on appelle description, est celle qui donne quelque connaissance d’une chose par les accidents qui lui sont propres, et qui la déterminent assez pour en donner quelque idée qui la discerne des autres.

C’est en cette manière qu’on décrit les herbes, les fruits, les animaux, par leur figure, par leur grandeur, par leur couleur et autres semblables accidents. C’est de cette nature que sont les descriptions des poëtes et des orateurs.

Il y a aussi des définitions ou descriptions qui se font par les causes, par la matière, par la forme, par la fin, etc., comme si on définit une horloge, une machine de fer composée de diverses roues, dont le mouvement réglé est propre à marquer les heures.

Il y a trois choses nécessaires à une bonne définition : qu’elle soit universelle, qu’elle soit propre[3], qu’elle soit claire.

  1. Exemple : la circonférence (espèce) est une ligne courbe (genre) dont tous les points sont également distants d’un point intérieur nommé centre (différence).
  2. Exemple : il ne faut pas dire : la circonférence est une ligne (genre éloigné), mais une ligne courbe (genre prochain).
  3. L’universalité et la propriété nécessaires aux définitions se déduisent d’un seul et même principe : l’attribut de la définition, étant identique en sujet, doit lui être exactement égal en extension.