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CHAPITRE IV

Des figures et des modes des syllogismes en général ; qu’il ne peut y avoir que quatre figures.


Après l’établissement des règles générales qui doivent être nécessairement observées dans tous les syllogismes simples, il reste à voir combien il peut y avoir de ces sortes de syllogismes.

On peut dire en général qu’il y en a autant de sortes qu’il peut y avoir de différentes manières de disposer, en gardant ces règles, les trois propositions d’un syllogisme et les trois termes dont elles sont composées.

La disposition des trois propositions selon leurs quatre différences, A, E, I, O, s’appelle mode.

Et la disposition des trois termes, c’est-à-dire du moyen avec les deux termes de la conclusion s’appelle figure[1].

Or, on peut compter combien il peut y avoir de modes concluants, à n’y considérer point les différentes figures selon lesquelles un même mode peut faire divers syllogismes ; car, par la doctrine des combinaisons, quatre termes (comme sont A, E, I, O), étant pris trois à trois, ne peuvent être différemment arrangés qu’en soixante-quatre manières[2], mais de ces soixante-quatre diverses


    été résumées dans des vers attribués à Pierre d’Espagne qui devint pape, sous le nom de Jean XXI, en 1276 :

    Terminus esto triplex : medius, majorque, minorque.
    Latius hunc quam præmissæ conclusio non vult.
    Nequaquam medium capiat conclusio oportet.
    Aut semel aut iterum medius generaliter esto.
    Utraque si præmissa neget, nihil inde sequetur.
    Ambæ affirmantes nequeunt generare negantem.
    Pejorem sequitur semper conclusio partem.
    Nil sequitur geminis e particularibus unquam.

  1. C’est ce qu’Aristote désigne par le mot σχῆμα.
  2. La formule mathématique est 43 = 64.