Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/232

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Or, ceux qui se battent en duel commettent une action criminelle ;

Donc le devoir d’un chrétien est de ne point louer ceux qui se battent en duel.

Je n’ai que faire de me mettre en peine pour savoir à quelle figure ni à quel mode on peut le réduire ; mais il me suffit de considérer si la conclusion est contenue dans l’une des deux premières propositions, et si l’autre le fait voir, et je trouve d’abord que, la première n’ayant rien de différent de la conclusion, sinon qu’il y a en l’une ceux qui commettent des actions criminelles, et en l’autre, ceux qui se battent en duel, celle où il y a commettre des actions criminelles, celle où il y a commettre des actions criminelles contiendra celle où il y a se battre en duel, pourvu que commettre des actions criminelles contienne se battre en duel.

Or, il est visible, par le sens, que le terme de ceux qui commettent des actions criminelles est pris universellement, et que cela s’entend de tous ceux qui en commettent quelles qu’elles soient : et ainsi la mineure, ceux qui se battent en duel commettent une action criminelle, faisant voir que se battre en duel est contenu sous ce terme de commettre des actions criminelles, elle fait voir aussi que la première proposition contient la conclusion[1].

Exemple II. Je doute si ce raisonnement est bon :

L’Évangile promet le salut aux chrétiens ;

Il y a des méchants qui sont chrétiens ;

Donc l’Évangile promet le salut aux méchants.

Pour en juger, je n’ai qu’à regarder que la majeure ne peut contenir la conclusion, si le mot de chrétiens n’y est pris généralement pour tous les chrétiens, et non pour quelques chrétiens seulement ; car, si l’Évangile ne promet le salut qu’à quelques chrétiens, il ne s’ensuit pas qu’il le promette à des méchants qui seraient chrétiens, parce que ces méchants peuvent n’être pas du nombre de

  1. Toute cette argumentation est inexacte au point de vue de la théorie logique, et inutile dans la pratique.