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dans la mineure, étant encore, aussi bien que dans la majeure, l’attribut de cette proposition affirmative incidente, vous êtes un animal[1].

Exemple VI. On peut encore résoudre par là cet ancien sophisme, qui est rapporté par saint Augustin :

Vous n’êtes pas ce que je suis ;

Je suis homme :

Donc vous n’êtes pas homme.

Cet argument ne vaut rien par les règles des figures, parce qu’il est de la première, et que la première proposition, qui en est la mineure, est négative ; mais il suffit de dire que la conclusion n’est point contenue dans la première de ces propositions, et que l’autre proposition, je suis homme, ne fait point voir qu’elle y soit contenue : car la conclusion étant négative, le terme d’homme y est pris universellement, et ainsi n’est point contenu dans le terme ce que je suis, parce que celui qui parle ainsi n’est pas tout homme, mais seulement quelque homme, comme il paraît en ce qu’il dit seulement dans la proposition applicative, je suis homme, où le terme d’homme est restreint à une signification particulière, parce qu’il est attribut d’une proposition affirmative : or, le général n’est pas contenu dans le particulier[2].


CHAPITRE XII

Des syllogismes conjonctifs.


Les syllogismes conjonctifs ne sont pas tous ceux dont les propositions sont conjonctives ou composées, mais ceux dont la majeure est tellement composée qu’elle enferme toute la conclusion : on peut les réduire à trois genres, les conditionnels, les disjonctifs et les copulatifs.


Des syllogismes conditionnels.


Les syllogismes conditionnels sont ceux où la majeure est une proposition conditionnelle qui contient toute la conclusion, comme :

  1. Arnauld se perd ici dans des subtilités bien inutiles.
  2. Le plus simple bon sens suffit pour faire ici reconnaître le sophisme.