Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/241

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4. Donc, si tout sentiment de douleur est un mal,

Quelque pensée est un mal. Darapti.

5. Donc, si le sentiment de douleur est dans la main que l’on brûle,

Il y a quelque pensée dans la main que l’on brûle. Disamis.

Négativement :

6. Donc, si nulle pensée n’est dans le corps,

Nul sentiment de douleur n’est dans le corps. Celarent.

7. Donc, si nulle bête ne pense,

Nulle bête ne sent de la douleur. Camestres.

8. Donc, si quelque partie de l’homme ne pense point,

Quelque partie de l’homme ne sent point la douleur. Baroco.

9. Donc, si nul mouvement de la matière n’est une pensée,

Nul sentiment de douleur n’est un mouvement de la matière. Cesare.

10. Donc, si le sentiment de douleur n’est pas agréable,

Quelque pensée n’est pas agréable. Felapton.

11. Donc, si quelque sentiment de douleur n’est pas volontaire,

Quelque pensée n’est pas volontaire. Bocardo.

On pourrait tirer encore quelques autres conclusions conditionnelles de cette maxime générale : Tout sentiment de douleur est une pensée ; mais comme elles seraient peu naturelles, elles ne méritent pas d’être rapportées.

De celles qu’on a tirées, il y en a qui comprennent la mineure, outre la conclusion, savoir, la 1re, 2e, 7e, 8e, et d’autres la majeure, savoir, la 3e, 4e, 5e, 6e, 9e, 10e, 11e.

On peut de même remarquer les diverses conclusions conditionnelles qui peuvent se tirer d’une proposition générale négative ; soit, par exemple, celle-ci :

Nulle matière ne pense.

1. Donc, si toute âme de bête est matière,

Nulle âme de bête ne pense. Celarent.

2. Donc, si quelque partie de l’homme est matière,

Quelque partie de l’homme ne pense point. Ferio.

3. Donc, si notre âme pense,

Notre âme n’est point matière. Cesare.

4. Donc, si quelque partie de l’homme pense,

Quelque partie de l’homme n’est point matière. Festino.

5. Donc, si tout ce qui sent de la douleur pense,

Nulle matière ne sent de la douleur. Camestres.

6. Donc, si toute matière est une substance,

Quelque substance ne pense point. Felapton.

7. Donc, si quelque matière est cause de plusieurs effets qui paraissent très-merveilleux,

Tout ce qui est cause d’effets merveilleux ne pense pas. Ferison.

De ces conditionnelles il n’y a que la cinquième qui enferme la majeure outre la conclusion : toutes les autres renferment la mineure.

Le plus grand usage de ces sortes de raisonnement est d’obliger celui à qui on veut persuader une chose, de reconnaître premièrement la