n’y a rien de plus ridicule que de les employer pour discourir de tout à perte de vue, comme les lullistes font par le moyen de leurs attributs généraux, qui sont des espèces de lieux ; et que cette mauvaise facilité de parler de tout, et de trouver raison partout, dont quelques personnes font vanité, est un si mauvais caractère d’esprit, qu’il est beaucoup au-dessous de la bêtise[1].
C’est pourquoi tout l’avantage qu’on peut tirer de ces lieux se réduit au plus à en avoir une teinture générale, qui sert peut-être un peu, sans qu’on y pense, à envisager la matière que l’on traite par plus de faces et de parties.
CHAPITRE XVIII
Ceux qui ont traité des lieux les ont divisés en différentes manières. Celle qui a été suivie par Cicéron dans les livres de l’Invention et dans le IIe livre de l’Orateur, et par Quintilien au Ve livre de ses Institutions, est moins méthodique ; mais elle est aussi plus propre pour l’usage des discours du barreau, auquel ils la rapportent particulièrement. Celle de Ramus est trop embarrassée de subdivisions.
En voici une qui paraît assez commode, d’un philosophe allemand fort judicieux et fort solide, nommé Clauberge[2], dont la Logique[3] m’est tombé entre les mains, lorsqu’on avait déjà commencé à imprimer celle-ci.