Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/257

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3o En détruisant toutes les espèces, on détruit les genres. Les formes qu’on appelle substantielles (excepté l’âme raisonnable) ne sont ni corps ni esprit : donc ce ne sont point des substances.

4o Si l’on peut affirmer ou nier de quelque chose la différence totale, on en peut affirmer ou nier l’espèce. L’étendue ne convient pas à la pensée : donc elle n’est pas matière.

5o Si l’on peut affirmer ou nier de quelque chose la propriété, on en peut affirmer ou nier l’espèce. Étant impossible de se figurer la moitié d’une pensée, ni une pensée ronde et carrée, il est impossible que ce soit un corps.

6o On affirme ou on nie le défini de ce dont on affirme ou nie la définition. Il y a peu de personnes justes, parce qu’il y en a peu qui aient une ferme et constante volonté de rendre à chacun ce qui lui appartient.

Lieux de métaphysique.

Les lieux de métaphysique sont certains termes généraux convenant à tous les êtres, auxquels on rapporte plusieurs arguments, comme les causes, les effets, le tout, les parties, les termes opposés. Ce qu’il y a de plus utile est d’en savoir quelques divisions générales, et principalement des causes.

Les définitions qu’on donne dans l’école aux causes en général, en disant qu’une cause est ce qui produit un effet, ou ce par quoi une chose est, sont si peu nettes, et il est si difficile de voir comment elles conviennent à tous les genres de cause, qu’on aurait aussi bien fait de laisser ce mot entre ceux que l’on ne définit point, l’idée que nous en avons étant aussi claire que les définitions qu’on en donne.

Mais la division des causes en quatre espèces, qui sont la cause finale, efficiente, matérielle et formelle, est si célèbre, qu’il est nécessaire de la savoir[1].

On appelle cause finale la fin pour laquelle une chose est[2].

Il y a des fins principales, qui sont celles que l’on regarde principalement, et des fins accessoires, qu’on ne considère que par surcroît.

  1. Voir la Métaphysique d’Aristote, liv. Ier.
  2. Cette définition, ainsi que les autres, est empruntée à Aristote. On sait le rôle que joue dans la logique péripatéticienne l’idée de cause finale, à laquelle Aristote finit par ramener toutes les autres causes.