Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/371

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parce qu’il est vrai qu’il arrive beaucoup de rencontres où on ne peut pas les observer à la rigueur, soit à cause des bornes de l’esprit humain, soit à cause de celles qu’on a été obligé de donner à chaque science.

Ce qui fait qu’on y traite souvent d’une espèce, sans qu’on puisse y traiter tout ce qui appartient au genre ; comme on traite du cercle dans la géométrie commune, sans rien dire en particulier de la ligne courbe qui en est le genre, qu’on se contente seulement de définir.

On ne peut pas aussi expliquer d’un genre tout ce qui pourrait s’en dire, parce que cela serait souvent trop long ; mais il suffit d’en dire tout ce qu’on veut en dire avant que de passer aux espèces.

Mais je crois qu’une science ne peut être traitée parfaitement qu’on n’ait grand égard à ces deux dernières règles aussi bien qu’aux autres, et qu’on ne se résolve à ne s’en dispenser que par nécessité ou par une grande utilité[1].


CHAPITRE XII

De ce que nous connaissons par la foi, soit humaine, soit divine.


Tout ce que nous avons dit jusqu’ici regarde les sciences humaines, purement humaines, et les connaissances qui sont fondées sur l’évidence de la raison ; mais, avant de finir, il est bon de parler d’une autre sorte de connaissance, qui souvent n’est pas moins certaine ni moins évidente en sa manière, qui est celle que nous tirons de l’autorité.

Car il y a deux voies générales qui nous font croire

  1. On remarquera parmi ces règles l’absence des règles concernant l’induction. Arnauld a eu le tort de ne s’occuper que des sciences mathématiques.