Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/403

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même. Rien ne prouve que ce soit la définition d’une chose, et non pas simplement l’explication de la signification arbitraire d’un nom. Par exemple, définir la quadrature, comme on le fait vulgairement, la formation d’un carré équivalant à une figure donnée, c’est n’énoncer qu’une définition nominale ; la définition réelle est la définition par la cause : la formation d’un carré équivalant à une figure donnée par une moyenne proportionnelle. La moyenne proportionnelle est la cause de la quadrature, et le moyen terme par lequel on en prouve la possibilité. Enfin c’est le moyen terme qui est la raison et la définition même du grand extrême, et c’est pour cela précisément que toute science repose sur la définition : c’est que la science est dans le moyen terme. La définition de l’attribut médiat est donc de deux espèces : la première est une conclusion ; la seconde un syllogisme complet, avec ses trois termes. La première est imparfaite et purement nominale ; la seconde est la définition réelle, essentielle et parfaite[1]. (F. Ravaisson, Essai sur la métaphysique d’Aristote, tome I, 494-512.)


BACON

De la méthode inductive.

I. — De la vraie méthode dans les sciences de la nature.

L’homme, serviteur et interprète de la nature, n’agit et ne comprend que dans la proportion de ses découvertes ex-

  1. « Le syllogisme, dit encore Aristote, est une énonciation dans laquelle, certaines questions étant posées, par cela seul qu’elles le sont, il en résulte nécessairement une autre assertion différente des premières. Par cela seul qu’elles le sont veut dire que c’est par ces assertions que l’autre est produite ; et être produite ainsi signifie qu’il n’est besoin, pour que le nécessaire en résulte, d’aucun autre terme étranger. J’appelle donc syllogisme complet celui dans lequel il ne faut rien de plus que les données pour que le nécessaire apparaisse, et incomplet celui qui a besoin, au contraire, d’une ou plusieurs données qu’on ajoute, lesquelles sont bien aussi nécessaires, d’après les termes supposés, mais qui toutefois ne sont pas énoncées dans les premières propositions. » (Analytiques, liv. I, ch. i.)