Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/402

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là du mouvement, mais le repos qui succède aux agitations de la nature et des sens. La pensée a été comme mise en déroute : elle se reforme par degrés. Une perception sensible s’arrête dans la mémoire, puis une autre toute semblable, puis une autre, et les individualités dispersées, les espèces, les genres retrouvent peu à peu leurs rangs dans l’universalité primitive. C’est l’ordre qui se rétablit, le rapport sous lequel les termes reviennent se placer d’eux-mêmes. Toute science, en effet, ainsi que toute vertu, toute habitude en général, est une disposition, un ordre, un rapport étranger au mouvement.

Le commencement de la science est la définition.

La proposition n’est que l’affirmation ou la négation d’un fait, et tout fait est une relation, savoir qu’une chose est ou n’est pas comprise dans une autre. La démonstration est la preuve du fait. Mais la définition est la détermination de la chose en elle-même, de sa nature, de son être. Elle ne dit pas qu’un terme est en un autre, elle dit ce qu’est un terme donné. L’objet de la démonstration est donc l’existence de l’attribut dans le sujet ; l’objet de la définition, l’essence. Toute étendue se résout dans les intervalles et les limites, toute science dans les deux formes correspondantes de la démonstration et de la définition.

Les deux termes de toute proposition sont le petit et le grand extrême, le sujet et l’attribut ; tels sont donc les deux objets de la définition. Tout attribut est un accident qui n’a pas d’être par lui-même, qui est sans essence, et ne peut se définir que dans son rapport avec un sujet. Or le rapport de l’attribut au sujet peut être de deux sortes : divisible ou indivisible, médiat ou immédiat : en d’autres termes, il peut être l’objet d’une conclusion ou d’un principe. La définition d’un attribut médiat est donc la conclusion d’un syllogisme.

Mais tout rapport médiat a sa cause hors de lui. Non-seulement l’attribut médiat ne peut pas être en lui-même, mais il ne peut pas être par lui-même dans le sujet où il est. C’est donc de la cause de son rapport avec le sujet que dépend son essence et que sa définition doit être tirée. Or la cause est le moyen terme qui produit, dans la conclusion, la synthèse des extrêmes. La définition de l’attribut médiat ne doit donc pas consister seulement dans la conclusion : elle doit renfermer le moyen terme. La conclusion, à elle seule, n’énonce qu’un rapport qui n’est pas nécessaire et évident par lui--