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XI

KANT

En quoi la logique diffère de la psychologie.

À la vérité, des logiciens supposent des principes psychologiques dans la logique. Mais il est aussi absurde d’y introduire de pareils principes, que de dériver la morale de la conduite de la vie. Si nous prenions ces principes dans la psychologie, c’est-à-dire si nous les tirions des observations sur notre entendement, nous verrions simplement alors de quelle manière la pensée se manifeste, se produit ; comme elle est soumise à différents obstacles et à diverses conditions subjectives, ce qui nous conduirait à des lois simplement contingentes. En logique, il n’est pas question de lois contingentes, mais de lois nécessaires ; il ne s’agit pas de savoir comment nous pensons, mais comment nous devons penser. — Les règles de la logique ne doivent par conséquent pas être prises de l’usage contingent de l’entendement ; elles doivent l’être de son usage nécessaire, usage qui se trouve en soi, sans psychologie aucune. On ne demande pas en logique comment se comporte l’entendement, comment il pense, comment il a pensé jusqu’ici, mais simplement comment il a penser. La logique doit donc nous faire connaître l’usage légitime ou l’accord avec lui-même de l’entendement.

Kant, Logique, trad. Tissot, p. 6.


Distinction entre la matière de la connaissance et la forme de la connaissance, objet de la logique.

Dans toute connaissance, il faut distinguer la matière, c’est-à-dire l’objet, et la forme, c’est-à-dire la manière dont nous connaissons l’objet. Un sauvage, par exemple, voit de loin une maison, dont l’usage lui est inconnu : cet objet lui est, à la vérité, représenté comme il pourrait l’être à un autre homme qui le connaît distinctement comme une habitation appropriée à l’usage de l’homme. Mais quant à la forme, cette connaissance d’un seul et même objet est différente dans chacun d’eux : dans l’un c’est une simple intuition, dans l’autre c’est intuition et notion en même temps.

Kant, ibid., 41.


L’induction et l’analogie.

Puisque le jugement va du particulier au général, pour dériver des jugements généraux de l’expérience, par conséquent non a priori (empi-