Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/474

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d’argumentation, d’inférence, d’illation, de conclusion, de syllogismes… le produit de l’acte lui-même s’appelle aussi raisonnement ; et dans ce sens on dit encore argument et syllogisme.

Rien de plus faux à cet égard que l’opinion vulgaire qui distingue ce procédé comme l’opération d’une faculté différente en espèce du jugement et de la conception. Conception, jugement, raisonnement, ce sont en réalité de simples applications de la même faculté, celle de comparaison… Il est donc également faux d’affirmer, comme on le fait communément, qu’un raisonnement ou syllogisme est un tout formé de jugements ; et qu’un jugement est un tout composé, formé d’idées. C’est là une manière toute mécanique de trancher en parties les phénomènes de l’esprit ; et elle diffère autant d’une analyse légitime, que l’acte du boucher de celui de l’anatomiste.

Hamilton, ibid., 312.

XIII

STUART MILL

Procédés et règles de la méthode expérimentale. — Application à la théorie de la rosée.

Il faut d’abord distinguer la rosée de la pluie aussi bien que des brouillards, et la définir en disant qu’elle est l’apparition spontanée d’une moiteur sur des corps exposés en plein air, quand il ne tombe point de pluie ni d’humidité visible. D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsqu’après un long froid arrive un dégel tiède et humide. Comparant tous ces cas, nous trouvons qu’ils contiennent tous le phénomène en question. Or, tous ces cas s’accordent sur un point, à savoir que l’objet qui se couvre de rosée est plus froid que l’air qui le touche. Cela arrive-t-il aussi dans le cas de la rosée nocturne ? Est-ce un fait que l’objet baigné de rosée est plus froid que l’air ? Nous sommes tentés de répondre que non, car qui est-ce qui le rendrait plus froid ? Mais l’expérience est aisée : nous n’avons qu’à mettre un thermomètre en contact avec la substance couverte de rosée, et à en suspendre un autre un peu au-dessus, hors de la portée de son influence. L’expérience a été faite, la question a été posée, et toujours la réponse s’est trouvée affirmative. Toutes les fois qu’un objet se recouvre de rosée, il est plus froid que l’air.

Voilà une application complète de la méthode de concordance : elle