Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/53

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sur ces actions : ce qui est plus excellent en soi, quand on n’y regarderait que la seule spéculation, que la connaissance de toutes les choses corporelles, qui sont infiniment au-dessous des spirituelles.

Que si les réflexions que nous faisons sur nos pensées n’avaient jamais regardé que nous-mêmes, il aurait suffi de les considérer en elles-mêmes, sans les revêtir d’aucunes paroles ni d’aucuns autres signes ; mais, parce que nous ne pouvons faire entendre nos pensées les uns aux autres qu’en les accompagnant de signes extérieurs, et que même cette accoutumance est si forte que, quand nous pensons seuls, les choses ne se présentent à notre esprit qu’avec les mots dont nous avons accoutumé de les revêtir en parlant aux autres, il est nécessaire dans la logique de considérer les idées jointes aux mots et les mots joints aux idées[1].

De tout ce que nous venons de dire, il s’ensuit que la logique peut être divisée en quatre parties, selon les diverses réflexions que l’on fait sur ces quatre opérations de l’esprit.



  1. L’habitude n’est pas la seule raison de cette impuissance où nous sommes à penser sans mots et sans images ; on sait que ce fait a son explication dans la nature même de la pensée.