Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/183

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vais au bal, faire des visites, entendre de mauvais concerts, mais nous avons des enfants qui veulent vivre, s’amuser, et qui préfèrent les plaisirs du monde aux conversations du ciel et aux extases des montagnes. Il faut bien faire quelque chose pour eux et comme les veillées fatiguent Julie, je vais deux fois par semaine faire la belle au Vauxhall ; et puis, quand on est là, il faut bien n’avoir pas l’air rêveur ni sauvage ; on cause, on rit, on s’efforce d’y être aimable, et le lendemain on s’échappe sur la montagne où on n’a pas besoin d’efforts pour être heureux.

« Si vous étiez avec nous, je jouirais bien plus du bonheur de courir ; ce nom de frère a quelque chose de si pur et de si commode ! Sous son égide j’irais partout, au lieu que je suis souvent gênée pour mes promenades ; peu de femmes veulent les faire, et c’est toujours les mêmes hommes qui veulent en être. Je crains la censure. Même au sein des plus sauvages montagnes, je la crains. Toute ma ressource est de passer pour une enthousiaste passionnée des montagnes ; grâce à cette réputation, on