Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/20

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rarement aux yeux rougis de veilles et aux doigts tachés d’encre. Même spirituelles et jolies, elles ne sont pas aimées, peut-être même pas désirées. Quand le cœur d’une femme s’est trahi sur le papier, quand il n’est plus un mystère dont on puisse espérer être seul possesseur, où est le prix de sa conquête ? Ces idées de célébrité féminine ont vieilli depuis Sapho, mais les philosophes comprennent le rôle de Phaon. Qui sait si, pendant qu’il était sourd aux déclarations publiques de la dixième muse, il n’aimait pas en secret quelque grisette de Mytilène ou de Samos… Rivarol aima une couturière dont il disait : « Elle a le goût d’un bon fruit et l’esprit d’une rose. » Beaucoup prennent leur esprit pour du talent et la vanité des éloges pour la gloire. Quelques-unes subissent un véritable instinct. Mme de Sévigné traçait à son insu des pages immortelles, et Mme Deshoulières n’échafaudait des tragédies que pour l’applaudissement du parterre. »

Nous avons bien changé tout cela, et ces impressions ont vieilli depuis Latouche, bien qu’on ne saurait affirmer qu’il n’y ait plus d’hommes de