Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/265

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le bonheur de mon ami, où je l’entendrai vous dire qu’il est heureux !…

« Mon Dieu, il me semble voir vos yeux si tendres se remplir de larmes et me remercier de son bonheur. M’en remercier, Fanny, y pensez-vous ? Son bonheur lui fait-il autant de bien qu’à moi ? Est-ce donc pour lui que je le rends heureux ?…

« Ô mon ami, ici même, dans cette lettre qui n’est pas pour vous, je ne puis parler que de vous, je ne puis parler qu’à vous. Pardonnez-moi, Fanny, quel cœur me pardonne mieux que le vôtre un excès de tendresse que je ne puis retenir. Oui, mon amie, oui, je ne puis voir que lui ; si mes yeux s’attachent sur vous, ce n’est qu’après avoir traversé son image ; elle m’entoure, me pénètre, s’insinue dans mon cœur, dans mon sang. Mon Dieu, j’ai peur que Fanny même ne me reproche de trop aimer ! Mais j’ai besoin de me dédommager des reproches que je lui ai faits, des sermons que je lui ai adressés ; j’ai peur d’avoir été trop sévère. Faites ma paix, mon amie, et dites-lui qu’ici même, où je laisse aller tout mon cœur, je ne