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II

LES STANCES ET Arthénice (1618-1627).

L’enseigne de la Cornette blanche plaisantait gaiement, mais c’était surtout pour s’étourdir. Car toutes les épreuves privées et publiques qu’il traversait avaient distillé peu à peu une douce amertume en son âme : elle s’épancha dans ses célèbres Stances sur la Retraite, auxquelles nous consacrons plus loin une étude spéciale.

La dernière d’entre elles nous laisse clairement voir le château de la Roche, le vallon de Saint-Pater, les ruisseaux qui l’arrosent et que la poésie a transformés en fleuves, les rochers de tufeau qui affleurent partout, cette solitude où s’élève toujours le vieux manoir, tous ces lieux enfin qui furent naguère témoins de l'inquiétude amoureuse du poète.

Ce poème demeurera toujours le chant mélodieux et rustique des désillusions de la vie, et la Touraine gardera l’insigne honneur de l’avoir inspiré.

À ces admirables accents, Racan ne conforma pas aussitôt sa conduite, tant il est plus facile de donner des conseils que de suivre ceux que l’on donne. Il retourna à Paris, et là il cherchait une