de la marquise de Termes, une pastorale dramatique en 3000 vers ; il adoptait un genre que l’Espagne et l’Italie avaient récemment mis à la mode et qui se prêtait fort bien aux allusions et aux portraits.
Comme motif principal de son intrigue, il prit le récent mariage du marquis et de la marquise qu’il célébrait sous les noms d’Alcidor et d’Arthénice, et vers 1619 il porta sa pièce à l’hôtel de Bourgogne où elle obtint un vif succès. Pour une des premières fois, d’ailleurs, un gentilhomme se faisait auteur dramatique, ce fut un événement à la cour, et tout le beau monde courut, comme l’on disait, « à la comédie », où jusque-là l’on n’osait guère se risquer. Vingt ans plus tard, si nous en croyons un prestigieux poète moderne, le public y était encore bien mêlé, puisque les cadets de Gascogne y venaient chercher des « affaires » et les pages y pêcher des perruques.
Il faut lire, au premier acte, le monologue d’Alcidor, qui vers la fin de la nuit exhale ses sentiments pour Arthénice en un morceau plein d’élégance et de force, où se remarquent un peu de fadeur précieuse et beaucoup de fermeté rustique.
Arthénice apparaît seule à son tour, et, tout en faisant sortir son troupeau, elle remémore, avec une grâce légère, la première entrevue qu’elle eut avec Alcidor. Mais la voici surprise par son père, dont le bon sens campagnard nous donne comme un avant-goût de Molière : ce Silène est vraiment un frère aîné de Chrysale… en sabots.