Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/272

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tion des divinités de la fable aux bords du Clain. Dans son enthousiasme il met en comparaison les villes de Poitiers et de Montpellier, et, s’adressant à cette dernière, il s’écrie, presque menaçant :

  Voudrais-tu t’offencer, si pour la médecine
après Paris et toi Poictiers est la plus digne ?

Et qui sait si Apollon un jour, aidé par Sully, le grand « Mœcène », ne transportera point son séjour de Montpellier à Poitiers ? L’on a vu de ces retours de la fortune :


 Les empires puissants, les grandes monarchies
sentirent de son bras les forces ennemies,
alors qu’il transporta le grand Assyrien
au Médois, le Médois au Sophy Persien,
et le Perse au grand roi de la fertile plaine
de l’Emathie, et puis à la grandeur Romaine,
puis l’empire Romain à l’empire Grégeois,
et l’empire des Grecs à celuy des François[1].
Bref soubs le ciel voûté il n’y a jour ni heure,
an, ni mois, ni saison, qui notre estât asseure,
« Car rien n’est asseuré et la fatale mort
prend le grand, le petit, le débile et le fort :
les royaumes ne sont à la grandeur céleste
non plus que d’un berger la petite cassette. »

Il rappelle à propos jusqu’aux curiosités qui se sont vues dans la ville de Poitiers, amenées pro-

  1. Malgré soi, l’on pense à Petit-Jean dans les Plaideurs,
    imitant maladroitement le même lieu commun de l’éloquence judiciaire
    de l’époque et célébrant
    les États des Babiboniens

    transférés des Serpens aux Nacédoniens.

    (Acte IIT, scène 3.)