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Page:Arrhenius - Le Destin des étoiles, 1921.djvu/261

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LES ORIGINES DU CULTE DES ÉTOILES

après jour. Le retard dans le moment de l’apparition de la lune sur l’horizon qui est d’environ une heure par jour, la distingue nettement de la marche du soleil. Plus importantes encore sont les phases de la lune dont la progression est assez rapide pour être facilement retenue par la mémoire, et ces deux phénomènes donnent une singulière valeur à la révolution de la lune autour de la terre comme mesure du temps. C’est l’utilité pratique, le besoin satisfait, dont l’importance prédomine, et non la tendance à faire état des variations dans quelque légende.

Les nègres d’Australie emploient quatre mots différents pour désigner la lune, correspondants à ses quatre « quartiers », ce qui fait supposer que peut-être, et même probablement, ils se croient en présence de quatre corps célestes distincts, tout comme du temps d’Homère, les Grecs croyaient distinctes l’étoile du matin et l’étoile du soir, c’est-à-dire la même planète Vénus.

D’autre part, il n’existe aucun motif raisonnable de croire que la chaleur brûlante du soleil diminuait la tendance des peuples vers l’adoration de cet astre. Tout au contraire, on se prosternait volontiers devant un phénomène qui dictait la crainte. Il est d’ailleurs inexact que les Babyloniens considéraient le soleil, Shamash, comme hostile, et la lune, Sin, comme amicale. Le dieu du soleil était censé donner la vie et la santé en vertu de sa lumière. Ses qualités de chaleur exagérée et néfaste étaient les attributs d’un autre dieu, Nergal, prince des lieux inférieurs, démon de la guerre et des massacres,

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